26èmes Journées nationales des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire

Les 26èmes Journées nationales des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire se sont tenues à Rennes les 5 et 6 novembre derniers.

C’était la première fois que je participais à l’organisation d’un un tel événement et si j’avais su au moment de m’y engager il y a un an et demi, que cela demanderait un tel  investissement, j’aurai peut-être hésité davantage. J’aurai tout de même pu m’en douter, me direz-vous,  puisqu’il s’agit de regrouper et d’offrir un temps de réflexion, tous les deux ans, aux professionnels de la santé mentale travaillant au sein des 179 unités sanitaires des différents établissements pénitentiaires, aux équipes des 26 SMPR et des 9 UHSA de France. Mais portée par un désir collectif et l’envie d’exprimer une vision de la psychiatrie à laquelle je crois, je me suis lancée. Les premiers doutes ont toutefois surgi assez vite : comment on fait, au fait, pour organiser un congrès ?  Aucun cours à la fac de médecine là-dessus, et nous nous rendîmes vite compte, avec le groupe de mes collègues dorénavant pompeusement baptisé « comité scientifique », que la formation des psychologues, infirmiers, psychomotriciens, n’était pas plus riche dans ce domaine . Il a donc bien fallu que chacun quitte un peu sa posture professionnelle habituelle et confortable pour se lancer ensemble dans l’inconnu. Mon idée a été dès lors de partir de mes quelques expériences de congressiste pour bâtir le congrès où je rêverai d’aller.  D’abord trouver un lieu, calme et beau, et un buffet  de qualité, fin et gourmand.  Dans les moments de découragement, je m’appuierai souvent sur l’illusion réconfortante que c’était bien là le principal ! Je ne sais même plus comment le thème de ce congrès a surgi, il était en fait déjà là puisque nous avons choisi de parler de ce que nous faisions tous les jours, qui était peut-être notre plus petit dénominatif commun et le fondement même de notre travail à tous : la rencontre.

Il était extrêmement important pour nous d’accueillir des professionnels de la psychiatrie en milieu ouvert. Nos patients sont aussi les leurs et leur parcours de soins ne s’arrête pas une fois les portes de la prison franchies et leur liberté retrouvée.  Même si nous exerçons dans un milieu particulier qui peut isoler, nous restons des professionnels de la psychiatrie  avec la même formation, les mêmes exigences. Nous sommes confrontés, avec peut-être plus d’acuité et un temps d’avance, aux mêmes questionnements éthiques  et donc il est important que nous puissions en échanger avec nos collègues. Les soins sous contrainte, la stigmatisation des malades et leur place dans la société, le secret médical, les moyens pour les soins psychiatriques sont des questions transversales, sur lesquelles nous avons à réfléchir et nous exprimer ensemble pour être audibles. Nous avons tenu à ouvrir le dialogue avec les institutions que nous cotoyons : la Justice, l’administration pénitentiaire. Il est important que chacun connaisse la logique de l’autre, son fonctionnement mais aussi ses limites. D’autres champs disciplinaires pouvaient aussi, par leur regard distancié, enrichir notre réflexion. C’est pourquoi nous avons voulu accueillir également des sociologues, des géographes, des philosophes et des artistes, qui sont souvent des aiguillons, des provocateurs et ouvrent la voie vers d’autres possibles.

L es idées des uns et des autres ont fusé, révélant des centres d’intérêt, des positions, bref des personnalités. Chaque étape s’est accompagnée de son lot de questionnements. Certains ont été profonds comme la question de la place à accorder à la controverse. Nous avons décidé de permettre à toutes les opinions, y compris celles qui allaient à l’encontre de notre positionnement éthique, de s’exprimer, pourvu que l’échange soit accepté. D’autres interrogations ont été plus légères : combien de décibels peut-bien produire un bagad jouant des airs traditionnels lors du cocktail apéritif ? combien de temps ça prend de garnir 315 tote bags d’accueil ? Ayant pris le parti de ne faire appel  à aucun laboratoire ni organisme de formation privé, nous avons travaillé avec les services de communication et de formation de notre centre hospitalier, parfois rapprochés par l’enthousiasme que nous avons su leur communiquer, parfois éloignés par la vision comptable dont nous étions loin.  Et puis vient le moment tant attendu, le jour J ! Pour moi, le début du congrès, c’est déjà la fin de l’aventure. L’angoisse de la salle vide s’évapore et j’ai le plaisir de voir ce que nous avons  imaginé si soigneusement prendre corps devant mes yeux (presque) sans accroc et de pouvoir y mettre un point final en prononçant le discours de clôture. J’y ai bien sûr parlé de séparation, car comme le dit un proverbe japonais  « La rencontre est le commencement de la séparation ». Mais si vous lisez ce discours que j’ai retranscrit dans l’article suivant, vous verrez que l’inverse peut être aussi vrai…

 

Le programme qui a été proposé et l’argumentaire se trouvent encore sur le site www.aspmp.fr